HOMMAGE POSTHUME A BENDJEDOU SAIDI.

Publié le 17 Mai 2013

 

618 001

 

SAIDI, Il est des instants où une ville se rassemble autour des valeurs qui la fondent pour mieux les faire vivre et revivre.

SAIDI, je voudrais vous dire ce jour, le pourquoi de cet hommage tardif acte d'évidence, acte de reconnaissance mais qui est aussi le signe évident de notre insignifiance et de notre petitesse,
nous les faibles mortels devant les grands moments d'histoire.

SAIDI, vous nous avez appris à nous défier des réponses toute faites, de l'esprit de système qui dénie aux individus leur part d'influence sur leur propre histoire.

Vous, l'homme de l'inquiétude de la recherche et du don de soi vous avez su tracer dans la douleur votre propre chemin et le notre.

Vous aviez, très jeune mis un terme à vos incertitudes parce que vous ne pouviez faire votre, des nourritures intellectuelles que vous n'auriez pas trouvés vous-même au hasard des rencontres et des livres lus.

Vous étiez alors un seigneur avec ce que cela supposait de hauteur, de discipline de brio et de désespoir aussi.

C'était l'époque de Messieurs LACHKHEM AEK - SI LALMI -SI MOHAMED EL HADJ AISSA- SI MUSTAPHA - DAVAS -GUAVAZI -PINET -TYS -LATET -BONIFACI -FATACCIOLI Madame GANTOIS -Madame BREVARD dans l'antre séculaire et chaude comme l'espérance du CEG HABIB CHOHRA , c'était les années 60 mais c'était surtout vous-même au milieu du gué, dans vos conversations intimistes avec les poètes les soufis et les écrivains.

Vous étiez déjà celui qui interrogeait notre condition de mortel, au moment où vous vous frayiez un chemin dans la vie, vos rapports à la culture et à l'art qui sont sans aucun doute la pierre angulaire de votre existence ne sont finalement que de longues interrogations mystiques ininterrompues.

Vos esquisses illustraient déjà le style et le sens de votre vie vos essais textes fantastiques esthétisants déroutants pour vos détracteurs mais significatifs pour ceux qui savaient la profondeur de votre quête d'absolu et la relation grimaçante que vous aviez avec la maladie et les souffrances du corps.

Vous étiez bien SAIDI, du coté de l'inquiétude de la quête et du don de soi un précurseur et un écorché vif NIETZSCHE, DOSTOÏEVSKI, IBN ROCHD et IBN ARABI seront pour l'éternité vos maîtres et vos interlocuteurs.

Vous incarniez des choix, des préceptes, un exemple et pourtant il y avait toujours chez vous le « et si nous nous étions trompés » que vous inspirez la marche inexorable du temps.

Vous étiez celui qui nous a appris la richesse de la question et de la remise en question.

Cette richesse, qui fait de vous l'homme de l'aventure de l'ouverture au monde et donc de la tolérance et du respect de l'autre.

Votre intimité avec toutes les cultures, votre façon si neuve de faire dialoguer entre eux les arts du monde par delà les frontières et les époques vous ont consacré citoyen de l'intemporel un intemporel nécessairement sage pragmatique émouvant et fraternel.

Vous aviez eu très tôt l'intuition de savoir que c'est la comparaison et la confrontation des œuvres qui permettaient de comprendre et de ressentir les autres.

Quand on aborde comme vous les arts de partout avec cette liberté intérieure cette compréhension intime et cette infinie curiosité il ne peut y avoir que reconnaissance pour les hommes et les gens qui les ont crées.

Vos goûts si éclectiques ne sont que les différents visages d'une même passion une passion qui ignore la hiérarchie et l'hypocrisie.

Dans votre approche il y a du respect de l'humilité à mille lieues de l'ignorance et de l'arrogance qui ont voilé si souvent le regard des autres.

C'était une démarche profondément généreuse et profondément moderne et c'était une autre leçon d'humilité.
C'était le courage physique et c'était la fraternité comme réponse aux vertiges, à la condescendance et à l'absurdité.

Nulle personne SAIDI, n'a perçu mieux que vous ce qui unissait les hommes au point de donner à leurs vies même fugitivement sens et directions.

C'était une autre leçon contre l'absurde au-delà de la fraternité il y avait cet engagement et cette capacité de dire toujours « NON » à la bêtise et à l'ignominie des hommes, ce qui vous habitez c'était la recherche de l'efficacité une sorte d'estampille une image de marque qui marquait votre relation avec la simplicité des gens simples.

SAIDI, vous étiez alors un homme marqué par les épreuves lucide illustrant parfaitement votre propre définition de l'intelligence, vous qui nous avez appris avec l'inquiétude en plus l'ouverture sur le monde la fraternité l'engagement et la noblesse de la révolte.

Vous avez assumé l'action de semer le savoir malgré les déceptions et les contraintes comme une nouvelle étape de votre chemin à l'orée de ce 3 ème millénaire vagissant.

SAIDI, vous allez entrer en éternité aux cotés de gens simples et illustres comme SORDI TAHAR , TADJ MADANI dit Spirou , TADJ MUSTAPHA, KADA BRAHIM, MAAMIR MAKHLOUF votre professeur TYS morts très jeunes auxquels vous liez la fraternité du courage de la foi et de la révolte.

Au-delà de la force de vos écrits, je voudrais simplement vous remercier aux noms de tous les Laghouatis (es) que vous avez fait rêver par votre gentillesse votre savoir immense et votre générosité pour tout cela et aussi pour une voix un regard qui dessinait vos mots (maux) vous qui avez inspiré et irrigué plusieurs générations de votre savoir.

Jusqu'au jour d'aujourd'hui nous ne savons malheureusement pas ressusciter les corps mais nous commençons à savoir ressusciter les rêves c'est peut de cela qu'il est question aujourd'hui nous disions de vos rêves qu'ils étaient immenses et accueillants plus vrais, plus réels que ce que nous appelions avec indigence, notre condition humaine ajoutant que la vérité des grands rêves se situera toujours dans l'insondable au fond de l'homme en chacun de nous.

Au delà du vrai existera le vécu qui rencontrera le rêve et c'est parce que vous avez su faire vivre vos rêves et les faire vivre en nous, prenez donc place SAIDI, dans le PANTHÉON de nos cœurs.

AMINE LOTFI

Rédigé par HMED B.

Publié dans #Art et culture.

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article