Le vieux Laghouat de 1860-1865.

Publié le 2 Avril 2018

Le Schettet el gharbi années 50-60.

Le Schettet el gharbi années 50-60.





Semblable à un village mauresque, ces habitations, blanchies à la chaux se profilent sur le feuillage plein de fraicheur des saules plantureux et des arbres fruitiers qui plongent leur racines dans l’eau des fontaines. Au second plan, vingt mille palmiers arrondissent sous la coupole azurée leurs cimes élégantes. Les tiges élancées de ces arbres géants forment une majestueuse colonnade, entre laquelle filtre une lumière limpide. La ville est assise au milieu de ce nid d’une verdure éternelle, d’où s’élève en saillie l’église, l’hôpital, la mosquée, et les forts édifiés sur le sommet de deux mamelons inondés de soleil. Au fond du tableau, encore des montagnes bleues qui s’abaissent pour montrer le désert, l’horizon plein de mystères. Toutes ces grandes choses de la création se fondent en teintes d’un incomparable et douce harmonie, qui n’appartient qu’à l’atmosphère des climats torrides, où s’épandent et débordent les feux du midi.
L’oasis d’une superficie de 200 hectares et de forme elliptique, s’étend sur une longueur de 1500 mètres entourée par l’eau qui lui donne la vie. Avant la conquête, cet ilot verdoyant présentait un massif homogène. Il était défendu par plusieurs lignes de murailles, qui dessinaient autour des jardins des courbes concentriques, et l’on ne parvenait vers son centre que par d’étroits sentiers. C’était un site inexpugnable pour les belliqueuses tribus du voisinage. Mais aujourd’hui LAGHOUAT, cette fille des sources et du libre désert, a subi la loi commune aux cités perfectionnées. La civilisation, qui ne perd jamais ses droits, y a promené l’équerre et la cognée.
Le fer a frappé sans mollesse des centaines de palmiers, pour ouvrir une large voie aux conquérants et au commerce, la diligence, en supplantant le chameau, a pénétré au cœur de la place et a souffleté la poésie du désert. L’avenue CASSAIGNE fait communiquer la ville nouvelle avec le camp, avec la route d’Alger. A son extrémité, la grande mosquée forme perspective, comme l’église de la trinité au bout de la chaussée d’antan. Commencé il y a plusieurs années avec les fonds indigènes, cet édifice attend son achèvement. Il fut élevé sur l’emplacement de la Casbah de l’ancien Khalifa BENSALEM. Son minaret, qui n’a pas encore retentit de la voix du Muezzin, sa terrasse à créneaux dentelés, son dôme, percé de jolies fenêtres mauresques entrecoupées de colonnettes, forment un ensemble architectural des plus intéressants.
L’oasis est dominée, à chacune de ses extrémités, par un mamelon culminant. Sur le premier nous avons élevé la grande mosquée et le Fort BOUSCAREN, sur l’autre, le Fort MORAND et l’Hôpital.
C’est entre ces deux mamelons, et leur croupe, que se développe la ville, divisée en deux quartiers : celui des HALLAFS, commandé par le fort Morand, celui des OULED SERGHIN, par le Fort BOUSCAREN. Lors de la prise de l’oasis, qui eut lieu le 4 décembre 1852.On l’attaqua par les hauteurs, le général Pélissier d’une part et le général Youssouf de l’autre. La brèche fut ouverte entre deux tours qui existaient à la place du Fort Bouscaren, et les deux colonnes d’assaut qui, suivant le rapport du général Pélissier, se répandirent sur les collines, firent leur jonction au point où se trouve aujourd’hui la grande mosquée.
Les maisons des arabes de Laghouat, aussi bien que les baraques du camp français , sont construites en briques de terre cuite sous le feu d’un soleil qui fait, en été, monter le thermomètre jusqu’à cinquante degrés centigrades au-dessus de zéro, à l’ombre, on blanchit ensuite avec du lait de chaux ces constructions, qui ne manquent pas de résistance. Les monuments publics, et quelques maisons particulières, sont en pierre de taille et en moellons que l’on exploite dans les rochers voisins.
Un panorama d’une originalité et d’une beauté incomparables attend le spectateur au bastion du Fort Bouscaren. A ses pieds repose la ville arabe le SHTETT, avec ses maisons basses, ses terrasses discrètes, ses rues étroites et tortueuses, et les admirables jardins de l’Oasis. A sa droite, les pitons du CREMECK s’arrondissent avec régularité et laissent apercevoir dans le lointain vaporeux le faite du Djebel LAZREG, ou la montagne bleue. En face il enveloppe du regard le désert aussi loin que l’œil le plus perçant peut atteindre, le désert inondé de torrents de lumière dans sa suprême majesté et son immuable silence, l’Océan moins le bruit des flots et les vagues roulantes.
Mais le sable ne règne point en maitre sur cette terre altérée. Lorsque dans les années rares et bénies la pluie la féconde, elle acquiert une puissance de végétation extraordinaire. L’eau, qui séjourne dans les dépressions du sol fortement ondulé, donne naissance à des daïas ombragées de beaux térébinthes aimés du chasseur. C’est en cette région, en effet, que s’accomplissent les chasses à course à l’autruche, à la gazelle, à l’outarde.(texte d'époque).




Rédigé par HMED B.

Publié dans #HISTOIRE DE LAGHOUAT

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